Bien sûr, tout dans cette exposition était exceptionnel : sa superficie, courant sur les deux ailes du musée des Arts décoratifs ; sa scénographie, variée, inventive, grandiose ; l'accumulation des objets offerts aux regards, innombrables, telle une poésie surréaliste où les oeuvres d'art voisinent avec les robes du soir, où les peintures tutoient les chaussures, où la beauté se niche dans les moindres détails.
Mais le succès de l'expo Dior n'en est pas moins incroyable : plus de 700.000 visiteurs, soit le double de ce qui était attendu, certains prêts à piétiner quatre heures sous la pluie dans le vacarme des moteurs et les gaz d'échappement de la rue de Rivoli... Quelle promesse les faisait rester, patients et têtus, sur ce bout de trottoir ?
La réponse est peut-être dans le titre de l'affiche : "Christian Dior, couturier du rêve". Oui, la haute couture a ce pouvoir de nous transporter dans une dimension autre, qui n'est plus tout à fait la réalité. Parce qu'elle est rare, à peine entrevue dans les pages des magazines. Parce qu'elle est un luxe que bien peu d'entre nous peuvent s'offrir. Parce que, pour quelques minutes, face à une robe du soir miroitant de cristaux, nous sommes Cendrillon avant le bal, prête à la métamorphose... Et peu importe au fond que ce bal n'ait jamais lieu. Il est sans doute encore plus beau de n'exister que par la force de notre imagination. Il suffit d'une citrouille pour faire un carrosse et d'une salle de musée pleine de fleurs en papier pour redevenir un enfant.
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