"A perte de vue, les rues moutonnent d'une foule compacte, une mer de visages tendus vers elle dans une expression d'admiration muette et, par-dessus, des chapeaux qui flottent comme des bouchons sur l'eau. L'ambiance est électrique et vibre d'une attente fiévreuse."
Ces quelques lignes sont extraites de La folle équipée d'Adrienne, mon dernier roman pour la jeunesse. Elles relatent ce qui s'est passé le 9 avril 1921, et dont, curieusement, la trace s'est évaporée dans la mémoire collective. Ce jour-là, l'"intrepida aviadora Mlle Bolland" revient à Buenos Aires après avoir traversé la Cordillère des Andes en avion. Et là, c'est le délire : au moins cent mille Argentins sont descendus dans les rues pour la porter en triomphe. L'insolente Adrienne, escortée par la fine fleur de l'aviation sud-américaine, savoure sa revanche sur tous ceux qui avaient prédit son échec. Et moi, je ne me lasse pas de scruter ces photos, qui témoignent que cette histoire-là a bien existé, insensée, téméraire et jubilatoire...
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