mercredi 15 mai 2019

Ecole buissonnière

Ce matin, j'ai séché le boulot.
J'avais pourtant commencé ma journée bien comme il faut, assise à l'heure à mon bureau après avoir expédié les affaires courantes.
J'ai beau ne pas avoir de chef sur le dos, j'ai gardé des habitudes de bonne élève.
Mais derrière la vitre, le ciel était trop bleu. Il m'est revenu que dans les chemins creux, j'avais aperçu l'autre jour des seringas en bouton. Et j'ai filé à l'anglaise, un sécateur à la main.
C'était délicieux. Délicieux le chant des oiseaux, délicieuse la danse des graminées dans le vent, délicieuse la terre du chemin sous le pied, ameublie par les pluies de la semaine passée... Ivre de lumière, j'ai cueilli des brassées de fleurs, genêt et seringa, ça sentait si bon.. Et puis j'ai rencontré un chat en vadrouille. Dans son regard d'opale, j'ai lu comme un reproche. A l'évidence, je le dérangeais dans sa solitude. J'ai d'abord souri, et puis je lui ai donné raison.Je n'avais pas à être là.
J'ai tenté intérieurement de me défendre. Je ne fais de tort à personne en désertant mon poste de travail. Mon roman avancera juste un peu moins vite, voilà tout. Peut-être même qu'après, mon efficacité redoublera, dopée par la nécessité de rattraper le temps perdu. Piteuses excuses, auxquelles je ne crois pas moi-même. Et d'ailleurs, c'est mieux ainsi.  Sans doute l'école buissonnière ne peut-elle se goûter sans cette pointe de culpabilité. Le plaisir quand il est coupable, prend souvent une saveur supplémentaire. Le pêché, aujourd'hui, avait le parfum du seringa. Ce parfum qui embaume en ce moment-même tout mon bureau et me chuchote que l'âme est faible et que l'échappée fut bien belle... 


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