lundi 24 juin 2019

La force tranquille d'Aïcha

Aïcha, de Felix Vallotton (Détail), 1922, coll. particulière
Depuis quelques semaines, elle trône en majesté dans l'exposition sur le modèle noir à Paris. De tous, de toutes, c'est ma préférée. Aïcha Goblet fut une figure du Montparnasse bohème des années 20, peinte à la fois par Kiesling, Matisse, Van Dongen, Foujita, Vallotton... Comment s'en étonner ? Il émane de cette femme une autorité tranquille, une douceur inflexible et l'expression d'une liberté intérieure qui l'illumine tout entière. Peut-être un héritage de sa première vie : avant de devenir modèle, elle fut écuyère dans un cirque. A la contempler sans en épuiser le mystère, j'y vois un magnifique résumé de cette exposition. De la servitude à la liberté, du stéréotype à l'individu, de l'objet sexuel à la femme qui choisit... Ce chemin-là, semé de clichés séculaires, n'est pas encore achevé. Aïcha nous montre superbement la voie. 

"Le modèle noir, de Géricault à Matisse" au musée d'Orsay, jusqu'au 21 juillet. 

vendredi 21 juin 2019

Un corps libre

Que savons-nous des gens du passé ? Que savons-nous de leurs pensées intimes, de leurs désirs, des interdits et des tabous qui les entravaient, des images qui les faisaient rêver ? C'est la question qui m'a traversée quand je suis tombée sur cette couverture splendide de Vogue en cherchant une image pour célébrer la venue de l'été. En juin 1934, un corps cuivré exalte le bonheur de bronzer au soleil, seins nus, sur une plage.
1934, vraiment ? Cela ne cadre pas avec ce que j'imaginais de cette époque. Mais c'est oublier, sans doute, que les années folles ne sont pas si loin. C'est oublier surtout que notre réflexe est trop souvent de regarder le passé comme en surplomb, du haut d'une supposée supériorité du présent, qui serait plus ouvert, moins pudibond, plus libre. Singulière distorsion du regard... Aujourd'hui, les réseaux sociaux déversent à la pelle des autoportraits de lolitas, cambrées dans la même pose lascive, mais censurent le moindre sein qui passe. A chaque époque ses images de liberté. En ce qui me concerne, j'ai une nette préférence pour la sirène nature dessinée par Georges Lepape.
Sur ce, bel été à tous ! 

jeudi 6 juin 2019

Adrienne, le G3 et moi

Je vais le dédicacer pour la première fois... et j'ai un peu les jetons. La folle équipée d'Adrienne, mon nouveau roman pour la jeunesse, est sorti depuis plusieurs semaines déjà. Mais samedi et dimanche, il connaîtra une forme d'apothéose : être présenté à la fête aérienne de la Ferté-Alais. Et il s'agira d'être à la hauteur.
Parce qu'à ce grand rendez-vous des fous volants, il y a aura beaucoup de monde. L'an dernier, 40.000 personnes sont venues admirer les vieux coucous et les démonstrations. Mais surtout parce que s'y trouvera un avion très cher à mon coeur : le Caudron G3. C'est une réplique parfaite du modèle sur lequel Adrienne Bolland traversa la Cordillère des Andes, en 1921.
Or, le voir, c'est ne pas croire à cette histoire. Comment diable a-t-elle pu résister aux vents rabattants, au froid glacial, au manque d'oxygène à bord de cette libellule de bois et de toile ? J'ai beau avoir écrit ce livre, je reste médusée à chaque fois que je le vois voler et que je m'imagine Adrienne dedans. 

Caudron G3 en vol
Alors il faudra assurer. Alpaguer le curieux pour le convaincre de cette histoire et transmettre le souvenir d'Adrienne Bolland. Son nom n'est pas resté dans les mémoires et on se demande bien pourquoi. Moi, depuis que j'ai fait sa connaissance, j'ai l'impression de m'être fait une copine. Pas toujours commode, mais follement généreuse. J'aimerais bien que ce livre contribue à lui rendre justice. Le G3 devrait m'y aider. Pourvu que la météo soit bonne et qu'il puisse prendre son envol..


Le Temps des hélices, 8 et 9 juin à l'aérodrome de Cerny, en Essonne. Je serai en dédicace tout le week-end sur le stand de l'AJBS. 

Les déceptions de Fanny

Elle s'appelait Fanny Flis, née Tesler. C'était une femme belle, blonde et élégante. qui faisait de la discrétion la première de tou...